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Explosion de bulles

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Continuons de dérouler le menu de la pause lecture 2015 et, après les délices de la littérature américaine, passons aux bulles du champagne… et de la bande dessinée. C’est une dizaine de personnes, amateurs comme spécialistes (qui ont plusieurs dizaines de milliers de BD qu’ils conservent dans un entrepôt, si si !) qui ont découvert les albums divers et variés que Jean-Jacques, notre collègue de la Nef et moi-même avions préparée.

Et des BD & mangas gourmands, il y en a un certain nombre ! Les titres sur le sujet se multiplient depuis quelques années, autant vous dire qu’il a fallu faire un certain tri parmi tous ces titres divers et variés (ceux qui me connaissent savent que j’ai du mal à faire de petites sélections de documents…), du Japon aux Etats-Unis, du Moyen-Age à nos jours en passant par le dix-neuvième siècle.

Je passe très rapidement pour les trois tomes de la série A boire et à manger de Guillaume Long, que j’ai bien sûr présenté pendant la pause lecture et dont je vous ai déjà parlé par ici.

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Le Viandier de Polpette de Julien Neel (l’auteur de la série à succès Lou !) et Olivier Milhaud est une histoire curieuse, hors du temps, mêlant des éléments médiévaux, de la Renaissance, des détails contemporains et s’inspirant même du genre de la fantasy. La preuve par le titre : le viandier nous fait immédiatement penser à ce traité de recettes du Moyen-Age de Taillevent et Polpette à ces boulettes de viande que Caroline a déjà testées.

 

 

 

 

 

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Ambiance envoûtante et onirique avec deux des titres de la série Le chat du kimono de l’auteure et dessinatrice Nancy Peña. Dans le deuxième tome, Arthur Neville, conseiller culinaire londonien, est chargé pour l’un de ses clients de dénicher le meilleur thé possible. Problème de taille, Neville est narcoleptique et ses rêves sont peuplés de visions cauchemardesques. Au-delà de l’intrigue qui mêle aventure, fantastique et horreur, dans le Londres de la fin du dix-neuvième siècle, on retiendra surtout le graphisme remarquable, inspiré de la gravure sur cuivre, de l’art déco, tout en noir et blanc, de larges aplats rouges surgissant dans les rêves de Neville.

Dans le troisième tome, It’s not a piece of cake, Neville doit retrouver la recette des black shortbreads de la Duchesse de Montrose, Moira Grantham. L’univers est similaire aux deux précédents tomes, et les références toujours aussi réjouissantes (on y trouve en effet la mention de…Gouffé !)

 

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Encore un bel album graphique avec La passion de Dodin-Bouffant, inspiré du roman de Marcel Rouff (‘l’un des fondateurs de l’Académie des gastronomes), publié en 1924. Dodin Bouffant est le parfait gastronome du début du vingtième siècle : bon vivant, farouche défenseur de la cuisine, curieux, tel un Brillat-Savarin ou un Curnonsky. Ses amis et lui-même, fins gourmets, semblent tout droit sortis des caricatures de Daumier. Et que de plats extraordinaires ! Pâtés en croûte, gelées et des mousses de chanterelles et d’écrevisses, hachis de pigeons…, plats que vous pouvez retrouver par ailleurs dans notre collection de menus !

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Bulles trois étoiles

Comment rendre l’effervescence d’une cuisine d’un restaurant étoilé par le dessin et la couleur ? La minutie et la précision du chef ? Les saveurs, les odeurs, les textures ? La frénésie d’une brigade à midi tapantes ? La difficulté de conserver le niveau requis par le guide Michelin ?

lordofburger2Les six auteurs de Lord of burger, mélange de bande dessinée, manga et comics,  plantent leur intrigue policière dans cet univers d’excellence et d’exigence : Alessandro Caprese, chef triplement étoilé, est retrouvé mort dans sa chambre froide. Ses enfants n’ont d’autre choix que de reprendre le restaurant pour rembourser ses dettes : ils font ainsi face à la difficulté de diriger un grand restaurant, et, surtout, de conserver les fameuses étoiles. Et en prime, c’est une préface de Yannick Alleno***, chef du restaurant le Meurice, qui ouvre le premier tome et souligne la pédagogie dont fait preuve l’ouvrage par la découverte des coulisses d’un restaurant gastronomique.

 

 

 

Quoi de mieux que de devenir l’ombre d’un grand chef pour en saisir l’univers ? Christophe Blain a suivi pendant près de deux ans Alain Passard*** au cœur des cuisines de l’Arpège et aux sources de son inspiration, dans son potager. Au-delà de la représentation de l’ambiance d’un grand restaurant, on découvre un chef précis, inventif, soucieux du détail et, il faut bien le dire… qui a la classe (il n’ y a qu’à voir le portrait qu’en fait Blain lorsqu’il le rencontre pour la première fois). Au contact de la terre et des légumes qu’il a mis en valeur, on retrouve également le chef artiste, amateur de couleurs, et auteur de collages (déjà évoqués ici).

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J’ajoute enfin un titre que Marie a commandé il y a peu : Frères de terroir. L’auteur Jacques Ferrandez s’est associé à Yves Camdeborde*** pour un tour de France des filières d’élevage et de production de viande, de produits laitiers, de fruits et de légumes. Ce n’est pas un album consacré à un chef : Camdeborde devient ici une sorte de médiateur, il s’efface au profit de son projet qui est de valoriser le terroir, les différents producteurs qu’il est amené à rencontrer, leur travail, mais aussi leurs difficultés.

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BD grands crus

Autre intérêt remarquable des dessinateurs et scénaristes de BD : le vin et surtout le travail de la vigne, avec une intrigue au cœur de grandes familles d’exploitants viti-vinicoles, où il est souvent question d’héritage, et où le héros (souvent l’héritier) doit faire son apprentissage. On pensera par exemple à la saga familiale Châteaux Bordeaux.

davodeauVin et bande dessinée font bon ménage et ont plus de points communs qu’on ne pourrait l’imaginer, la preuve avec Les ignorants d’Etienne Davodeau Les ignorants, ce sont Etienne Davodeau et Richard Leroy, respectivement dessinateur et vigneron, qui vont apprendre chacun de l’univers de l’autre pendant plus d’un an. L’ignorant, c’est également le lecteur, dont les yeux se superposent au regard d’Etienne et Richard, qui découvrent tour à tour le milieu de leur compagnon d’initiation. D’un commun accord, Etienne et Richard décident, pendant plus d’un an, de découvrir un univers dont ils ignorent presque tout. La taille, le choix des barriques, la biodynamie (technique particulière de production agricole), les vendanges et, en parallèle, la presse, les éditeurs, les auteurs, et les dédicaces. Un travail qui commence pour l’un comme pour l’autre dans la solitude, à travers la taille des vignes ou l’esquisse d’une planche, la taille adéquate des vignes ou la lecture des grands dessinateurs (Spiegelman, Trondheim, etc.) Le voyage se poursuit à travers des rencontres avec des dessinateurs tels que Gibrat, Emmanuel Guibert ou avec une visite de Robert Parker, le faiseur de réputation en matière de vin. Enfin, la vente aux grands négociants en vin, et la promotion d’albums dans des salons et des séances de dédicace. Ce que l’on retiendra également, c’est un amour inconditionnel du travail bien fait, tant chez l’un que l’autre, et surtout les échanges fructueux qui naissent de cette expérience.

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Autre histoire de transmission, toujours dans le cercle familial, les Chroniques de la vigne de Fred Bernard. Lorsque l’auteur, originaire de Savigny-les-Beaune, d’une famille de vignerons de père en fils, propose à son grand-père de faire un livre avec lui celui-ci lui répond

90 ans, 40 000 bouteilles bues (“même pas deux bouteilles par jour”), voici le grand-père de Fred Bernard, raconté dans Chroniques de la vigne. Puisqu’il ne veut pas faire un livre avec son petit-fils (“Bah ! Oublie ça ! Le vin, ca se lit pas, ça se boit !), qu’à cela ne tienne, F. Bernard fait ce qu’il fait de mieux, dessiner et raconter son grand-père et son amour de la vigne :

“Pour moi un vin c’est : 1) Un vin rouge ou un vin blanc. 2) Il est jeune ou il est vieux. 3) Tu l’aimes ou tu l’aimes pas. Point barre.”

Ici, de l’aquarelle, des couleurs pastel, qui rendent à merveille (en toute objectivité…) les paysages de la côte bourguignonne, en particulier à travers de superbes planches pleine page.

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Mimi, Fifi et Glouglou (aux éditions de l’Epure) aiment le vin, ils y pensent tout le temps, et boivent d’ailleurs tout le temps. Il débattent de la précision aromatique d’un rouge, dégustent à l’aveugle, pensant reconnaître du premier coup un pinot, alors qu’il s’agit d’un vin du sud, finissent par se dégoûter du vin pour mieux y revenir…en quelque sorte, de vraies brèves de comptoir viti-vinicoles.

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La gastronomie de droite à gauche : les mangas

La gastronomie est effectivement un thème qui passionne les mangakas (auteurs de mangas).

Marie a déjà évoqué quelques titres phares des mangas culinaires, tel le gourmet solitaire, lors de la pause lecture consacrée à la littérature asiatique. J’ai pu également découvrir de mon côté quelques petites pépites.

9782723463409-G (1)Apprendre une foule de choses dans le domaine de l’oenologie, c’est possible grâce aux Japonais et à la série à succès les Gouttes de Dieu. Le héros, fils d’un grand sommelier, doit hériter de la collection de bouteilles de celui-ci à sa mort,  à une condition : qu’il soit capable de reconnaître les douze grands vins qu’il a mis de côté ainsi que ce vin mystérieux baptisé “Gouttes de Dieu”. L’occasion, en près de désormais 40 tomes, d’en apprendre davantage (je confirme !) sur les vins, la dégustation, les cépages…

“C’est parce que pendant toute mon enfance, mon père me faisait sentir plein d’odeurs sans m’expliquer pourquoi.
Les herbes du jardin, les fraises des bois… L’odeur des fleurs d’aubépine ou d’un genre d’acacia… Il m’a aussi fait mémoriser l’odeur de choses bizarres… comme celle d’un crayon ou d’une ceinture ou d’un brasier…”

kitchen1Connaissez-vous les manhwas? Ce sont l’équivalent des mangas mais en Corée. Et si je vous en parle, c’est que nous en possédons un titre dans le fonds gourmand. Pour l’auteure Jo Joo Hee, dans Kitchen, la cuisine et les saveurs sont avant tout affaire d’émotions et de sensations : transmission de recettes de mère en fille, dîner entre amis…Ces petites saynètes, se révèlent être pour certaines, de véritables petites madeleines de Proust. Sans oublier des recettes des plats phare de la cuisine coréenne !

 

 

On terminera dans un prochain article avec le récit de la dernière pause lecture, qui était pour l’occasion un peu particulière…je ne vous en dis pas plus !

Mathilde

 

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