Les fêtes de fin d’année sont depuis longtemps l’occasion de mettre sur les tables de très jolis menus !
Le document ci-contre est le plus ancien menu de Noël conservé à la bibliothèque. Il date de 1879 et propose les plats suivants : hors d’œuvre, jambon de Mayence, saucisson d’Arles, terrine de foie gras truffée, soupe à la Favard, dinde truffée et dessert. Il provient de la collection Maurice Piat, enrichie pendant une grande partie de sa vie par ce collectionneur, et dont la majorité sont entrés à la bibliothèque.
Le plus récent date de 2011 et provient d’un don de particulier. En effet, la bibliothèque enrichit son fonds par des achats auprès de libraires spécialisés mais aussi par les dons faits par des gens, simples particuliers ou collectionneurs, sensibilisés à notre travail de collecte et de conservation. PENSEZ-Y !
De nombreux menus sont les témoins de repas familiaux, réalisés à la main ou achetés chez des imprimeurs pour n’avoir plus qu’à y copier la liste des mets et des vins, comme sur les deux menus ci-dessous. Le premier date de 1905 et fait partie d’une série dont nous possédons deux modèles, mettant en scène de petits marmitons. Le menu : potage Boudinet, anchois saucisson, boudin, faux filet madère, petits pois, poulet au cresson, salade, tarte, fromages, raisins, poires, pommes, fours assortis, salade d’oranges au kirch. Le second date de 1945 et propose une décoration “maison” faite de houx et d’une ménagère-Betty Boop… Potage à l’oignon, huîtres, boudin blanc, poulet cocotte, salade russe, galantine, fromage, bûche de Noël, c’est ce que les convives ont dégusté.
D’autres menus proviennent de repas de fête donnés dans des restaurants : les convives les ont gardés parce que ce sont souvent de belles pièces. En voici quatre qui mettent déjà le Père Noël à l’honneur dans les années 1920-1930. Voici ce qu’on a mangé à l’hôtel Lutetia (le fameux palace parisien) en 1921 : natives, double consommé Alexandra, Demoiselles de Cherbourg Lutetia, cailles sous la cendre, velouté de céleri, parfait d’Alsace poché au Johannisberg, salade Olga, biscuit glacé des Mages, Sabot du Père Noël, plum-pudding au Feu-Follet, corbeille de fruits… ne nous demandez pas ce qui ce cache derrière tous ces intitulés !
Le Père Noël chevauche un coq sur ce premier menu ; sur celui du 24 décembre 1926, toujours au Lutetia, il chemine aux côtés d’une jeune femme élégante dans un sabot roulant ; le 24 décembre 1932 au casino municipal d’Alger il envoie des cadeaux à un couple de riches clients dans le plus pur esprit art déco ; le 24 décembre 1933, à Alger encore, il fait une pause, sous la neige devant la porte d’un restaurant chic, en buvant un petit verre tendu par le groom.
L’iconographie est parfois plus suggestive, dans un esprit léger typiquement français, d’un goût plus ou moins subtil… comme sur ce menu de 1935 où une jeune femme court-vêtue en artilleur-Père Noël effectue un lancé de petits-pois avec la légende “Petits pois à la française”. Le second de la série, daté du même jour, représente une autre jeune femme, toujours court-vêtue, allongée sur un canapé et portant un plat de cailles… la légende : caille sur canapé !
Pendant les périodes de guerre, on essaie aussi d’améliorer l’ordinaire, de façon réelle ou imaginaire comme sur ce menu de soldats français prisonniers dans le camp allemand de Sennelager en décembre 1914, où l’on imagine mal qu’ils aient pu déguster cette longue liste de plats faisant se succéder le tournedos aux hors d’œuvre, le gigot au poulet de grains, le plum-pudding à la crème, le tout arrosé de vin, café et kirsch.
La bibliothèque conserve deux témoignages de repas du 25 décembre 1917, dans deux contextes différents.
Le premier est le menu d’un repas pris dans l’hôpital militaire qu’abritait la confiserie Pupier de Saint-Etienne. Poulbot, qui a réalisé le dessin, nous y montre des soldats déjeunant dans leur chambre, coiffés de leur bonnet de nuit ou de leur képi, chantant une chanson d’amour. Ils mangent le repas suivant : aspic des Alliés, morilles chantilly, dinde rôtie, salade de saison, desserts, malakoffs Pupier (c’est une barre chocolatée de la marque), café, cognac, champagne, cigares.
Sur le second, un portrait de soldat italien ressemblant au roi Victor-Emmanuel III, en tenue de parade et portant son drapeau. On n’en connaît pas le contexte précis mais voici le repas : potage lorrain, huîtres armoricaine, sardines sous-off, saucisson d’Arles, pâté rennais, andouille givrée, parmentiers Amalgam, fricassée de moines, petits pois à la française, camembert-ananas, gaufrette nationales.
Terminons ce billet sur ces deux élégantes, mère et fillette se préparant à la fête !
Et puis, parce que Noël n’est pas seulement Noël mais aussi un moment particulier de l’année proche du solstice d’hiver, quand les jours commencent à s’allonger, vous découvrirez ci-dessous un rare menu maçonnique réalisé pour le banquet de la fête solsticiale organisée par la Révérente Loge Solidarité & Progrès le 24 décembre 1882 à Dijon.
Bouchées crevettes
Turbot sauce hollandaise
Pomme Anglaise
Filet de bœuf aux champignons
Poulet à la portugaise
Cuissot de chevreuil sauce poivrade
Sorbets au kirsch
Dindonneau truffé sauce périgueux
Pâté d’alouettes
Jambon de Mayence à la gelée
Salade
Haricots verts
Ecrevisses Bordelaise
Croûtes aux fruits
Parfait au café
Gauffrettes (sic)
Desserts assortis
Madère – Gevrey 1878 – Nuits-Saint-Georges – Champagne
Caroline
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