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Merci Bacchus !

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Sans lui, pas de climats de Bourgogne à l’UNESCO…

Nous sommes en pleine période de vendanges ! D’ailleurs, vous êtes-vous déjà demandé d’où venait le vin ? Ou, du moins, qui avait eu la bonne idée de l’apporter aux hommes ?

Les Gaulois ? les Romains ? Les Grecs ? Les cisterciens ? Tut tut tut, que nenni ! Bien avant les querelles Bordelais/Bourguignons, la foire aux vins, le beaujolais nouveau, il y avait Bacchus, le dieu romain (Dionysos en grec) du vin.

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Parmi les figures qui gravitent autour du dieu, un jeune héros, Ampélos, amant de Bacchus. Plusieurs versions relatent sa triste destinée, dont une qui témoigne véritablement de l’origine de la vigne et du vin. Bref, comme pourrait le dire une vieille bande-annonce d’un film de série Z, il va y avoir du sang (et du vin)…

Une fois n’est pas coutume, les héros de la mythologie ne sont pas toujours des lumières et devraient y regarder à deux fois avant de parler à des inconnus. Ainsi, Ampélos s’obstine à vouloir aller chasser seul malgré les recommandations de Bacchus, qui insiste (bien lourdement) sur le danger d’aller faire un tour du côté des taureaux. La déesse Erreur (la vilaine !), déguisée en jeune homme, profite alors de la naïveté du héros pour l’inciter à dompter un taureau non loin, comme preuve d’un amour certain pour Bacchus ! Ampélos tente donc de le dompter, mais les coups de fouet, évidemment, énervent l’animal, qui expédie le jeune homme qui, dans sa chute, se brise la nuque…

Bacchus, inconsolable, va cependant trouver un réconfort non négligeable : c’est par un prodige divin qu’un pied de vigne apparaît enfin. Le dieu voit ainsi son jeune amant se courber jusqu’à prendre la forme de la vigne :

« Son ventre s’allonge démesurément pour donner un cep, les extrémités de ses mains bourgeonnent en sarments, ses pieds prennent racine, les grappes de ses boucles deviennent grappes ; même sa peau de faon se transforme en une chatoyante floraison de fruits en train de grossir ; son long cou ombreux se mue en pampres de vigne ; à l’image de son coude, un rameau coudé tend ses raisins gonflés ; sur sa tête métamorphosée, des volutes végétales imitent la courbure de ses cornes. Il y avait là des rangées d’arbre sans nombre : un enclos de vignes se forme naturellement : déroulant ses verts rejets, il fait une guirlande aux arbres d’alentour avec ses jeunes fruits couleur de vin ».

Qui imaginait de telles similitudes/ une telle proximité entre le corps humain et un pied de vigne ?

Une autre légende, plus ancienne, a davantage trait aux vendanges (et un peu aux Bacchanales, fêtes religieuses en l’honneur de Bacchus) :

C’est du ciel que coula sur la terre une liqueur qui allait devenir le vin. La vigne poussait alors au milieu des roches, sans aucun soin nécessaire : raisins pourpre, blanc, roux, couleur de poix, blanc veiné de noir, il y en a pour tous les goûts. C’est en découvrant ce raisin que Bacchus inventa les vendanges. Il évida une roche, puis, entamant sa surface avec la pointe aiguisée d’un fer, fit une excavation dans la pierre et polit les parois de la cuve pour se fabriquer un récipient en forme de pressoir. Avec le tranchant de son thyrse, comme avec une faucille, il moissonna le raisin. Les Satyres, armés de leurs petits paniers en osier, se joignirent alors à lui pour faire la vendange, de la cueillette jusqu’au fouloir, sans oublier la paulée, qui a tendance à se finir en orgie…

Ces deux récits sont racontés par le poète grec du cinquième siècle de notre ère Nonnos de Panopolis (pas de mauvais jeux de mots s’il-vous-plaît) dans l’épopée des Dionysiaques. Le poème fait la synthèse des exploits du dieu, et reprend notamment les récits où il convainc de nombreux ennemis en leur faisant découvrir le vin !

Et dans notre collection de menus ?

Eh bien on fête aussi Bacchus ! A travers les menus de la Confrérie des chevaliers du Tastevin évidemment, mais aussi via un repas ou “goûter de Bacchus” du Comité national de propagande en faveur du vin !

Gouter de Bacchus offert par le Comité National de Propagande en Faveur du Vin et le Centre National du Tourisme, en l'honneur des Membres du Congrès de l'Association Interparlementaire du Tourisme. École Hôtelière de Paris.

Et pour en savoir plus ?

La figure du dieu a largement été reprise dans les arts occidentaux, de la mosaïque à la chanson, en passant par les ex libris, la peinture ou encore la littérature (c’est l’une des deux figures principales de l’essai de Nietzsche sur la tragédie, avec le dieu Apollon). L’historien de l’art Philippe Morel fait la synthèse des représentations de Bacchus dans la peinture de la Renaissance, notamment chez Caravage, et étudie la reprise de la figure du dieu dans la tradition chrétienne.

Pour les curieux, Jean-Marie Pailler, recense quand à lui, dans un petit dictionnaire très pratique, tous les mots, expressions propres à Bacchus.

Et enfin, vous en saurez plus sur les Bacchanales et le culte du dieu, mais aussi sur la Saint-Vincent, en somme sur les fêtes traditionnelles liées au vin dans l’essai de Marc Lagrange. La quatrième de couverture conclut d’ailleurs ainsi : “[…] une belle vérité : celle qui affirme que vin et fête ne sont que pléonasmes hédonistes !”

Mathilde

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