Les débuts du livre de cuisine en couleur

En 2007, la bibliothèque avait consacré une exposition aux livres de recettes en couleur. En voici la substantifique moelle… bon, j’avoue, j’avais surtout envie de vous montrer de belles images de poissons. Pourquoi des poissons ? Pourquoi pas ?

Jules Gouffé. Le Livre de cuisine, 1867. Trop fort, ce Jules, comme d’habitude.

On vous parlera un de ces jours des premiers livres imprimés de cuisine illustrés, dès le 16e siècle. Au 19e, l’utilisation de petits bois ou de planches se fait plus systématique et ils entrent dans les livres d’économie domestique et les recueils pour ménagères. Mais si la couleur est utilisée depuis toujours par les scribes, les imprimeurs et les lecteurs qui pouvaient faire colorer leurs achats après coup, il faut attendre la seconde moitié du 19e siècle pour qu’on la trouve dans les manuels de cuisine.

Célestin Motton. L’Ecole des meilleures cuisinières bourgeoises, vers 1870

C’est l’invention de la chromolithographie en 1837 qui offrira à l’édition gourmande une technique de mise en couleur efficace, avec une trentaine d’années de retard sur l’édition d’art, de voyage, de science ou pour enfants.

Les deux premiers livres repérés sont le Book of Household Management d’Isabella Beeton (1861 ; la bibliothèque possède une édition ultérieure ; l’image en une en est tirée) avec ses 12 planches et le Livre de cuisine de Jules Gouffé pour la France, en 1867 avec 24 planches.

Sophie Wattel. Les 100 000 recettes de la bonne cuisinière bourgeoise à la ville et à la campagne, vers 1886. Ces poissons ressemblent beaucoup à la planche précédente…

D’autres techniques sont utilisées : lithographie en deux couleurs juxtaposées – ou davantage -, impression sur papier teinté, impression en une couleur, bois pour ce qui concerne les techniques anciennes, puis, à partir des années 1930, les procédés photo-mécaniques en tri- ou quadrichromie de reproduction de la photographie.

Jenny Touzin. La Sauce : la cuisine chez soi (hygiène, simplicité, délicatesse), cuisine des célibataires, cuisine des diabétiques, [1889]… J’adore ce titre coq et âne !

La majorité des planches en couleur des livres de recettes sont des natures mortes – genre qui s’effacera petit à petit – ou des plats dressés, plus rarement des gestes techniques. Les recueils de décorations, notamment en pâtisserie, trouvent avec la couleur une possibilité de développement, tandis que l’édition, se diversifiant, propose des livres de recettes sous la forme d’histoires ludiques (et non plus de simples recueils) propices à l’illustration.

Plats et vins, simples et habillés. Supplément au n° 89 des Cahiers du Jardin des modes, 1954. C’est pas merveilleux ces déco comme quand on (enfin je) était petit ?

Le livret de l’exposition est disponible en suivant ce lien.

I. Beeton. The Book of Household Management. Londres, 188 ?

Caroline