Ce dimanche, c’est la saint Valentin. J’imagine déjà vos réactions indignées : “Quoi ? Vous faites un article sur la saint Valentin ?”, “Ca y est, Happy Apicius fait dans le commercial, on les a perdues…”
Sans verser dans le côté gnangnan de la fête (boîte de chocolats en forme de coeur et tout le tralalala), je profite tout de même de l’occasion pour vous parler mythologie. Ceux qui me connaissent savent que c’est ma grande marotte, alors si je peux en plus l’associer à la gastronomie…
Petite mise à jour au 12 février 2016 (NDLR) : j’ai rédigé l’histoire il y a quelques années (l’été, en l’occurrence) lorsque le blog n’était encore qu’à l’état d’embryon, ne vous étonnez pas donc si ça ne vous semble pas trop de saison…
Tous les étés, c’est le même calvaire : panier d’osier à la main, vous vous pourléchez les babines en pensant aux pots de gelée de mûres qui vont bientôt remplir vos étagères. Seulement voilà, les mûres sauvages, ça pique, et surtout, ça tache ! Mais saviez-vous qu’elles n’ont pas toujours été noires ? En effet, en des temps très lointains, elles étaient… blanches ! C’est ce que raconte le poète latin Ovide dans les Métamorphoses, recueil de récits daté du premier siècle de notre ère et mettant en scène les transformations de héros et dieux en animaux, plantes ou minéraux. Ici, contexte oblige, focalisons-nous donc sur les métamorphoses gourmandes. Je vous garantis que vous ne verrez plus les mûres de la même manière !
A Babylone, Pyrame et Thisbé habitent des maisons mitoyennes, mais séparées par un haut mur, bâti par leurs familles respectives qui se haïssent cordialement. Seulement, et c’est là tout le problème, ils s’aiment. Et, preuve que, si l’amour est aveugle, les amoureux ne le sont pas, ils ont repéré une fissure dans le mur par laquelle ils peuvent échanger leurs confidences, ainsi que la promesse d’une rencontre hors de la ville. Ils décident donc de se retrouver auprès du tombeau de Ninos, ancien roi de Babylone, abrité par un mûrier aux fruits…blancs, sous lequel ils pourront se cacher.
Thisbé, le visage couvert d’un voile, arrive la première sur les lieux et aperçoit non loin une lionne. Elle court se réfugier dans une grotte, laissant tomber son voile au passage. La lionne trouve ce voile et le déchire de sa gueule ensanglantée. Pyrame arrive ensuite, voit les traces de la lionne et le voile, et, de désespoir, se donne la mort. Aussitôt après, il ôte son épée de sa plaie, de laquelle jaillit du sang qui colore ainsi, les fruits du mûrier, et imprègne ses racines. Thisbé, de retour, se donne la mort à la suite de son amant. La couleur sombre des mûres évoque ainsi, en signe de deuil, la mort des deux jeunes amants.
Cette histoire vous rappelle quelque chose ? C’est normal, Shakespeare s’en est inspiré pour Roméo et Juliette.
Par ailleurs, j’ai découvert tout récemment un mythe grec, plus méconnu, très ressemblant racontant que la framboise, très prisée des dieux de l’Olympe, est née sur les pentes du Mont Ida, en Crète. Alors que Jupiter, encore petit enfant, faisait retentir les échos de la montagne de cris furieux à rendre sourds les génies démoniaques eux-mêmes, Ida, fille du roi de Crète, qui était également sa nourricière, lui cueillit pour le calmer une framboise qui, donc, tout comme la mûre était à l’origine blanche. La nymphe s’égratigna le sein et teignit les fruits d’un rouge éclatant. Son nom scientifique, Rubus idaes, littéralement : « la ronce de l’Ida », est directement lié à ce récit.
Appétissant tout ça, non ? Si, malgré tout, vous souhaitez faire de la gelée de mûres, ou du coulis de framboises, ou autre chose encore , les deux petits ouvrages La mûre : dix façons de la préparer et La framboise : dix façons de la préparer publiés aux Editions de l’Epure (qui feront l’objet d’un prochain article) vous permettront d’accommoder votre récolte.
Pour continuer sur une note un peu plus joyeuse, je vous propose un florilège des ouvrages-un-peu-tarte-à-la-crème-mais-qui-nous-font-rire-quand-même-pour-les-repas-en-amoureux-de-la-saint-Valentin.
Commençons par la base : le philtre d’amour ! C’est évidemment chez les fées qu’on le trouve (et même chez Harry Potter !), et plus particulièrement dans La cuisine des fées ou comment faire des merveilles sans être magicienne, aux éditions Tana, où il est décrit ainsi : “l’union des contraires étant le secret de toute potion magique qui se respecte, ce philtre d’amour est forcément redoutable”.
- 1 bouteille de champagne
- 6 cl de liqueur de framboise
- 6 cl de jus de citron pressé
- 12 framboises pour la décoration
En revanche, l’apéritif est loin d’être suffisant ; il vous faut élaborer tout un menu de l’amuse-bouche au dessert. pour ça, le fonds gourmand regorge d’ouvrages tout à fait appropriés !
C’est un passage de la Physiologie du goût de Brillat-Savarin qui ouvre l’ouvrage La cuisine des amoureux de Marianne Paquin “[…] Enfin, la gourmandise, quand elle est partagée, a l’influence la plus marquée sur le bneur qu’on peut trouver dans l’union conjugale […]”. Partant de ce postulat, l’auteur propose des recettes adaptées en fonction de l’ambiance ou de l’occasion : cocooning, dans la cuisine, dîner en chambre (même si je doute de l’aspect pratique de la chose…), etc.
Enfin, argument non négligeable, cuisiner en amoureux vous permettra de bénéficier de deux paires de mains !
Autre trouvaille -rose fuschia évidemment- du fonds, les Recettes pour les amoureux de Pucca. Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, Pucca est une petite fille de dix ans qui travaille un restaurant chinois tenu par son père. Je ne vous le cache pas, c’est spécialement ciblé petites filles : du rose, du rouge, des cœurs partout, du sucré…
Mais ce sont les éditions Tana qui offrent des solutions à toutes les situations, en voici un petit florilège !
Vous ne savez pas cuisiner et vous voulez épater votre dulcinée ? La réponse à tous vos problèmes culinario-gastronomiques se trouve forcément dans Le livre de cuisine pour les garçons qui veulent épater les filles (et décidément, on trouve encore des framboises sur la couverture. Coïncidence ? Je ne crois pas).
Toujours en quête d’un cadeau ? Voici le bien nommé Le petit livre à offrir à un dîner : à la place d’un bouquet de fleurs, parce que les fleurs c’est périssable.
“Votre moitié est partie et votre appétit avec” ? D’après Claire Jacquet dans Comment oublier son ex d’un bon coup de fourchette : recettes solo pour intermittents du célibat, rien que tel que de bonnes recettes (en se permettant du régressif/un peu d’alcool/du gras -rayez la mention inutile) pour arranger tout ça.
Enfin, si vous voulez passer à la vitesse supérieure, la réponse est visiblement dans Goûte ça et épouse-moi, toujours chez Tana. Au moins, ça a le mérite d’être clair !
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Et maintenant, à vous fourneaux, n’oubliez pas de chercher également l’inspiration dans notre collection de menus, et joyeuse Saint-Valentin !
Mathilde
Bonjour,
Il faut faire le distingo entre les mûres fruits des ronces et les mûres , fruits de l’arbre le mûrier qui peut produire des fruits noirs, blancs ou rouges qui sont tout aussi bons que le fruit des ronces. On trouve des arbres mûriers au moyen et proche orient, même au 21ème siècle !
Exact, merci pour cette précision ! (avis personnel : je préfère les fruits des ronces aux fruits des arbres mûriers)
Et tout comme l’on trouve également encore des framboises blanches…
Mathilde