Les Délices de Tokyo est un film tout récent de Naomi Kawase. Il lie les destins de trois personnages qui, comme les pâtisseries éponymes, ne laissent pas apparaître si facilement le fond de leur personnalité.
Sentaro, gérant d’une échoppe de dorayakis qui chaque jour fabrique sa pâte et cuit ses pancakes.
Tokue, une vieille dame qui cuisine merveilleusement et aidera Sentaro à améliorer sa recette grâce à ses haricots rouges confits.
Wakana, toute jeune femme que le goûter quotidien ramène à la boutique de Sentaro.
Les deux premiers s’éloignent à leur manière d’un passé douloureux tandis que la troisième, qui n’a pas la légèreté qui sied à sa jeunesse, sera le pont entre les deux autres.
Je ne peux pas vous dire grand chose de l’intrigue sous peine de la divulgâcher. Voyez déjà la bande-annonce.
Juste quelques impressions sur une première partie bien plus subtile que la seconde, tout en non-dit, en légers mystères autour du passé et du milieu de chacun des trois personnages.
Une Tokue attachante, qui repère la durée de cuisson à l’odeur de la vapeur de ses haricots, qui leur parle et les écoute, comme elle parle et écoute les feuilles de cerisier, en être douloureux mais résilient qui sait profiter de chaque particule du monde – on le comprendra plus tard grâce à la révélation de cette page peu glorieuse de l’histoire japonaise. Le très léger irréalisme du vieillissement du personnage principal, de ses cheveux qui poussent trop vite à son âge, donne un côté miraculeux à son rôle auprès des deux autres, plus jeunes et qui doivent eux aussi apprendre à vivre avec leurs fêlures.
La seconde partie, trop appuyée à mon goût, révèle cependant le pourquoi de ce trio et de leur conjonction.
Vous connaissez maintenant suffisamment les happy blogueuses de la bibliothèque pour vous douter qu’on ne peut comprendre un tel film sans goûter les fameux dorayakis, héros de l’intrigue et facilitateurs de lien ! Vous l’avez peut-être compris, il s’agit de pan-cakes fourrés de pâte an faite de haricots rouges – azukis – confits.
Alors j’ai profité d’un déplacement professionnel à Paris pour en goûter chez deux maîtres japonais.
Premier test lors d’un goûter chez Toraya, l’une des plus anciennes maisons de wagashis au Japon, à Paris depuis 1980. Bien installée dans un salon sans aucune ligne aiguë ni angle, réchauffée par un sobacha, je goûte enfin cette étonnante pâtisserie. Eh bien, la première caractéristique est la douceur : moelleux, sans aucune agressivité, sans dissonance mais sans fulgurance non plus, le dorayaki pourrait paraître fade au palais non prévenu. Sa dégustation demande du calme, du temps et de la délicatesse. Savourer plusieurs gâteaux de cette maison, c’est participer à une variation autour du doux.
Second essai le lendemain, car il faut faire les choses bien. Je décide alors de déjeuner dans un autre salon de thé que notre récente hôte Chihiro Masui conseille sur son blog : Walaku. Et qu’est-ce que je découvre en arrivant ? Que le chef fournit en dorayakis trois cinémas parisiens diffusant Les délices de Tokyo !
Le menu comprend une entrée de légumes, un bento à deux étages avec un riz et une soupe miso et un dorayaki enrichi par le chef et accompagné d’un hôji-cha, le tout succulent et dépaysant.
Caroline
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