Pour poursuivre dans le monde merveilleux des anges, petites fées et leurs gâteaux magiques, j’ai testé pour vous…le gâteau invisible ! Après en avoir parlé un peu partout autour de moi, voici le genre de réactions que j’ai pu entendre : “Mais c’est quoi ?”, “Quelle arnaque !”, “Il a une cape d’invisibilité ?”. Autant vous dire que j’ai aimé entretenir le mystère ! En exclusivité sur Happy Apicius, je vous livre la recette du gâteau invisible, et le résultat en images :
Vous y avez cru ?
J’avoue, cette blague ne fait rire que moi (et quelques amateurs de blagues et jeux de mots douteux au sein de la bibliothèque). Cette photographie a en réalité été prise après que mes collègues gourmands ont fait disparaître le gâteau dans leur estomac.
Dans ce cas, pourquoi l’appelle-t-on “invisible” ? [Le suspense est insoutenable…] Tout simplement parce qu’il y a davantage de fruits que de pâte. Celle-ci sert uniquement à lier et donner une forme à l’ensemble. Ce sont les pommes que l’on utilise le plus souvent, je vous livre la recette aux pommes et aux poires :
– 3 belles pommes ( ou 4 petites )
– 3 belles poires ( ou 4 petites )
– 2 oeufs
– 10 cl de lait
– 70 g de farine
– 50 g de sucre
– 20 g de beurre fondu
– 1 sachet de levure chimique
– 1 càs d’arôme vanille
– 1 pincée de sel
Tout d’abord, mélangez le sucre et les œufs, jusqu’à ce que le mélange blanchisse. Ajoutez ensuite le lait le beurre fondu et l’arôme vanille, puis la farine et la levure tamisées, et terminez par la pincée de sel (attention, le sel ne doit jamais être en contact avec la levure, sinon le gâteau ne monte pas).
Divisez ensuite la pâte en deux parties égales, dans deux saladiers différents. Peler, retirer le cœur et épépiner les pommes. Les couper en deux puis les trancher très finement à la mandoline.
Si j’avais du talent en matière de stylisme culinaire (et si j’étais un peu maniaque), j’aurais pu faire une mise en scène très épurée avec de fines de tranches de poires bien alignées sur cette jolie planche à découper… mais je préfère vous livrer de l’art brut et un échantillon du chaos dans lequel se trouve une cuisine quand on a une grande quantité de fruits à trancher.
Attention : l’étape de la mandoline doit être considérée avec le plus grand sérieux : faites bien attention à la lame – je sais de quoi je parle, ou vous pourriez être obligés de vous lancer, en plus !, dans une omelette au sang.
Au fur et à mesure, jetez les pommes dans un des deux saladiers, en remuant pour les imbiber de pâte ( cela évite que les tranches ne s’oxydent ). Faire de même pour les poires, dans l’autre saladier.
Verser d’abord le contenu du saladier aux pommes, lisser. Verser par dessus le contenu du saladier aux poires. Lisser de nouveau. Enfourner pour 35 minutes à 200°C.
Verdict : la texture de la pâte, entre flan et clafoutis, imbibée par les fruits, et la finesse des tranches rendent ce gâteau vraiment fondant ! En revanche, privilégiez un moule à cake ou un petit moule à manqué (20*20 cm c’est parfait) pour que l’on puisse avoir un joli résultat à la coupe. En moules individuels, ça fonctionne aussi.
D’où vient cette recette ?
En tant que veilleuses sur tout ce qui peut avoir trait à la gastronomie, et blogueuses, les membres de l’équipe Happy Apicius jettent aussi un œil à tout ce qui se passe sur la “culinoblogosphère”, notamment parce que les tendances apparaissent parfois sur les blogs avant d’être reprises par le monde de l’édition. Le gâteau invisible est la preuve même de la circulation et de l’évolution d’une recette.
Pour ma part, je l’ai découvert sur le blog Paprikas (qui fait la joie de mes collègues de bureau environ 2 à 3 fois par semaine) : l’auteure, Nadia Paprikas, avait elle-même trouvé la recette originale sur le blog Eryn folle cuisine. Effectivement, en cherchant un peu, tous les blogueurs ayant fait part de cette recette sur leur site citent ce dernier. La recette avait d’abord “fait le buzz” à sa publication en 2008 et réapparait ces temps-ci sur plusieurs blogs. Elle a même été reprise par le site du magazine Cuisine actuelle et par certaines marques de cuisine minceur, la part de fruits étant importante et, au contraire, la part de pâte et de matières grasses très faible – cet aspect étant de plus en plus souligné.
Qui dit reprise, dit variations. Au gâteau basique aux pommes, on pourra y ajouter des poires, des pêches, et même des Carambar ou du caramel au beurre salé. Là, je vous l’accorde, c’est moins léger. En version salée, on trouve surtout des gâteaux à la courgette.
Les recettes les plus originales se trouvent dans un ouvrage publié tout récemment, Gâteaux invisibles : 30 recettes tout en légèreté, que Marie s’est empressée d’aller acheter à la librairie afin d’enrichir les collections, car il était déjà en rupture chez nos fournisseurs ! Il fait partie de la même collection que les Gâteaux magiques, que Caroline a évoqués précédemment – à croire que l’équipe d’Hachette cuisine vit elle aussi dans un monde merveilleux. Ce qui est étonnant, c’est que ce n’est pas Eryn qui publie ses recettes, mais Mélanie Martin, auteure de nombreux ouvrages chez Hachette cuisine, preuve qu’il est impossible d’apposer un copyright à une recette que l’on travaille de son côté. Plus étonnant encore, mais appréciable, elle prend la peine de citer Eryn en introduction de l’ouvrage.
On y trouve 30 déclinaisons assez originales, complètement absentes de la blogosphère :
– en version salée : potiron à la sauge et au parmesan, betterave au cumin, poireau au comté, etc.
– et en version sucrée : fraise et nectarine (encore quelques mois et il sera de saison !), mangue et rhubarbe, invisible façon carrot cake (la tendance est à mélanger les gâteaux classiques, tels que les cheese-carrot cakes : bientôt un mélange gâteau magique / gâteau invisible ?), et bien d’autres, tant classiques qu’exotiques.
On attend vos propres versions !
Mathilde
A moins de se coincer les doigts dans les cordes, la mandoline “musicale” est moins dangereuse que la mandoline “culinaire” à la lame coupante (n’est-ce pas Mathilde !)…mais moins efficace pour couper les fruits !
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Sans doute, mais je suis sûre que je serais capable de me coincer les doigts dans les cordes !
Mathilde