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Une acquisition exceptionnelle

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Les beaux menus illustrés d’allégories en couleur de la table présidentielle française auraient pris comme modèle les menus russes des couronnements des tsars Alexandre III en 1883 et Nicolas II en 1896. Nous ne possédons pas ces pièces mais nous venons d’acquérir trois grands menus russes tout aussi rares, datés de 1897.

La fin du 19e siècle voit une intense activité diplomatique se développer entre la République française et l’Empire russe. Cela se traduit notamment par des voyages du Président chez le Tsar et vice versa. L’an dernier nous avions enrichi la collection de menus des réceptions offertes à Nicolas II lors de son voyage en France en 1896.

La bibliothèque vient d’acquérir un ensemble complémentaire de trois menus de réceptions offertes à Félix Faure lors de son voyage retour en Russie en 1897, grandes pièces de plus de 30 cm sur 25 cm.

Menu du dîner du 23 août 1897 à Peterhof

Partis de Dunkerque le 18 août, le Président et sa suite naviguent à bord du Porthuau, nouveau croiseur de la marine française, et deux autres bâtiments. Arrivés à Cronstadt le 23 août, ils se rendent au Palais de Peterhof, près de Saint-Petersbourg, où a lieu le premier dîner de gala dont ce menu est le témoin.

La famille impériale et cent-soixante dignitaires sont les convives des deux tables dressées dans une salle de style Renaissance éclairée par des girandoles électriques. Comme il est d’usage, le dessert est l’occasion pour le Président et le Tsar de porter des toasts. Nicolas II fait notamment référence à son propre voyage en France l’année précédente, duquel le déplacement de Félix Faure se fait l’écho.

Le menu, illustré des symboles des deux puissances, des allégories de la renommée et d’une vue du “Versailles russe” propose un programme iconographique que l’on retrouvera partiellement en France durant la Belle Epoque. Il a été réalisé par le peintre Ernst Friedrich von Liphart, auteur des menus du couronnement du Tsar en 1896.

Remarquez la date proposée dans les deux calendriers différents utilisés en France et en Russie, grégorien et julien.

La gastronomie et la langue dominantes de l’Europe sont françaises, ce dont témoigne le menu, qui offre un repas ordonnancé de façon classique : deux potages, deux relevés dont un de poisson, deux entrées chaudes de gibier et de boucherie, une entrée froide, un punch pour la césure de la première partie du repas, les rôtis, la salade, les légumes puis les douceurs dont une glace. La seule référence à la Russie est le sterlet, une sorte d’esturgeon, à l’impériale.

 

Menu du déjeuner du 25 août 1897

Ce jour là, deux jours après l’arrivée du président français, Félix Faure et Nicolas II se rendent à Krasnoié-Selo où a lieu la revue des troupes. La mention Châlons sur le menu fait écho à la revue des troupes du camp de Châlons l’année précédente lors du voyage du tsar en France.

Le midi, c’est un déjeuner militaire qui est proposé dans le pavillon impérial décore de feuillages, plantes et fleurs. Autour des deux chefs d’Etat et de l’impératrice, les grands-ducs et grands-duchesses, le ministre des Affaires étrangères Gabriel Hanoteaux, l’ambassadeur français Montebello, le minustre Mouravieff, le diplomate russe Mohrenheim, les généraux russes et les officiers français.

L’illustration, pour l’occasion, se faite toute martiale et met à l’honneur une cavalerie triomphante, avec deux cavaliers russe (un cosaque) et français (un spahi).

L’ordonnancement du repas est celui, plus simple, d’un déjeuner.

 

Menu du dîner du 25 août 1897

Après la revue des troupes, le président et le tsar repartent en train vers Peterhof où un grand dîner est servi dans la salle Pierre-le-Grand. Au côté des hauts dignitaires de la cour et des membres de la suite présidentielle, les officiers de l’escadre française sont les invités d’honneur, ce que rappelle l’iconographie du menu avec, à nouveau, un parallélisme entre les deux visites des chefs d’Etat : le 5 octobre 1896, Nicolas II et Alexandra Féodorovna avaient débarqué à Cherbourg avec la flotte russe tandis que le 23 août de l’année suivante Félix Faure arrivait à Cronstadt avec des bâtiments français.

Les mets proposés sont à nouveau francophiles à l’exception d’une référence à la Russie avec “l’esturgeon du Volga à la Moscovite” tandis que l’ananas Victoria ouvre des perspectives vers la Grande Bretagne.

 

Menus acquis par la Ville de Dijon avec l’aide du ministère de la Culture, subvention APIN (acquisition patrimoniale d’intérêt national)

Caroline

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