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Dis-moi comment tu produis… en littérature – suite

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« Dis-moi comment tu produis, la figure nourricière en littérature ». Tout un programme n’est-ce pas ?

Ainsi s’ouvre notre triptyque de rendez-vous littéraires dans le cadre de l’amont de Clameur(s). Comment ça vous ne connaissez pas Clameur(s) ? Nous parlons bien sûr de l’événement littéraire de la Ville de Dijon mis en œuvre par la bibliothèque municipale qui se tiendra du 15 au 17 juin 2018. Cette 6e édition aura pour thème les goûts et les saveurs et convoquera un parterre d’auteur-e-s dont l’œuvre entre en résonance (gourmande) avec cette thématique.

L’objet de ces 3 pauses lecture sera d’explorer en votre compagnie la « chaîne culinaire » dans la fiction et les essais. Nous pouvons résumer ainsi notre propos  : nous nous intéresserons en premier lieu à celui qui produit puis, le 12 mai, à celui qui crée, assemble et enfin le 9 juin à celui qui goûte avec, cerise sur le gâteau, une dégustation de lectures à voix haute avec Éric Houguet.

Et puis comme cela nous continuons à vous parler de notre cher fonds gourmand !

Commençons par une mise en bouche qui vous conviera dans le monde du vin et du fromage.

Fred Bernard sera présent le samedi 16 juin à 14h45 à l’hôtel de Vogüe au cours d’une rencontre nommée « Délices de voyages et senteurs de terroir » pour une de ses BD intitulée Chroniques de la vigne. Conversations avec mon grand-père, Glénat, 2013.

L’auteur est un bourguignon pur jus né à Beaune et résidant à Savigny-lès-Beaune. Connu pour ses albums à destination d’un public jeunesse avec son complice François Roca (ils ont d’ailleurs reçu de nombreux prix), il développe aussi une œuvre singulière en BD. Comme en plus Fred Bernard est un globe-trotter, il mêle souvent dans ses œuvres voyages et terroir.

Ici il convoque tout à la fois l’histoire de sa famille, sa complicité avec son grand-père et l’histoire d’un terroir, le sien. Défilent des beaux portraits d’hommes et de femmes qui consacrent leur vie à fabriquer du vin et également un portrait en creux des vignobles de son « pays ». Je suis sûre que des noms comme Aloxe-Corton, Chorey-Lès-Beaune ou encore Pernand-Vergelesses sont familiers à vos oreilles. Les vignerons aiment la terre, aiment le vin qu’ils produisent, ce produit noble et vivant qu’ils fabriquent patiemment.

Pour continuer dans le domaine du vin, je vous propose de nous plonger dans les Cent petites gorgées de vin de Jean-Robert Pitte édité chez Tallandier en 2016. Il s’agit des articles publiés pendant près de 10 ans dans La revue des vins de France et rassemblés en un seul opus.

Et si vous fréquentez le salon « Livres en vigne » au château du Clos-Vougeot, vous avez sans nul doute déjà croisé cet homme jovial qui a longtemps enseigné la géographie historique et culturelle de l’alimentation et du vin. Il est président de la Mission françasie du patrimoine et des cultures alimentaires (MFPCA).

Vous pourrez rencontrer Jean-Robert Pitte le dimanche 17 juin à 16h Cour de Flore où il sera en conversation avec Jacky Rigaux au cours d’une rencontre nommée « Questions de climats ». Dans cet ouvrage, Jean-Robert Pitte balaye le monde du vin : tous les sujets y passent. Là aussi on sent une certaine admiration pour ces hommes et femmes qui construisent patiemment leur vin. Comme chez Fred Bernard, le vigneron est un être passionné, fou de son terroir, patient et un rien truculent aussi.

Je ne sais pas vous mais moi le vin me fait penser au fromage et au pain.

Comme nous vous avons déjà parlé du pain, passons directement au fromage et à Véronique Richez-Lerouge que vous pourrez retrouver le samedi 16 juin à 11h Cour de Flore où elle sera en conversation avec Catherine Simon au cours d’une rencontre justement nommée « des savoir-faire en péril ? ».

Journaliste et auteure spécialisée en fromage et produit laitiers, présidente et fondatrice de l’association “Fromages de Terroirs”, Véronique Richez-Lerouge est à l’initiative, en 2001, de la création de la Journée nationale du fromage.

Comme vous le voyez les produits laitiers sont son dada. Dans France, ton fromage fout le camp ! Où est passé le bon goût du terroir ? Publié chez Michel Lafon en 2012 ou bien encore dans Main basse sur les fromages AOP, elle dénonce les ravages d’une uniformisation des goûts, des standards de production qui tuent les organismes vivants qui composent les produits laitiers.

Comme les précédents, l’auteur a choisi de présenter des artisans passionnés, parfois un peu à contre-courant, mais toujours convaincus de ce qu’ils font.

Ce qui se dessine aussi à travers ces livres, c’est le rôle et la responsabilité du consommateur vis-à-vis de ceux qui produisent.

Comme il n’y a pas que Clameur(s) dans la vie (quoique), regardons de plus près d’autres documents !

Je tenais à vous présenter deux livres que vous connaissez sans doute parce qu’ils ont un point commun même si leurs auteurs sont différents au possible. Il s’agit de Repose-toi sur moi de Serge Joncour (Flammarion, 2016) et Le mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti (Gaïa, 2006).

Dans le premier, Ludovic est un agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes qui entame une liaison avec Aurore, styliste, jeune louve urbaine. Au-delà du choix des milieux, Serge Joncour peint une très jolie histoire d’amour entre deux personnes qui se sauvent mutuellement. Dans le deuxième Benny vit seul depuis le décès de la mère. Il rencontre Désirée, bibliothécaire de son état dite la crevette, au cimetière… Pourquoi associer ces deux livres ? Parce qu’il y a beaucoup de points communs entre Ludovic et Benny. Des hommes solitaires, taiseux, simples et francs qui ne comprennent pas les faux-semblants du monde et qui pourtant conservent une force, une volonté d’avancer certaine. Est-ce une figure littéraire qui se dessine ainsi ?

Si l’on regarde du côté de Pierre Jourde et de son Pays perdu (Balland, 2013), nous sommes dans un registre sombre. Tout à la fois fiction, précis sociologique et témoin d’un monde qui disparaît, ce livre a valu à son auteur d’être agressé par les habitants de son village natal du Cantal. Sa faute? Dresser un portrait sans concessions d’un monde paysan loin de l’image parfois assez lisse de ceux qui retournent (à) la terre… Crasse et misère font bon ménage, secrets enfouis aussi…

Idem chez Guillaume Guéraud et son Je mourrai pas gibier publié en 2006 aux éditions du Rouergue (Doado noir). Martial vient du petit village de Mortagne, coupé en deux selon l’activité professionnelle : on travaille à la scierie ou dans les vignes. Pour échapper à ces querelles de clochers, il vit en pensionnat et étudie la mécanique. Mais il revient les week-ends. Son frère qui s’acharne violemment contre un simple d’esprit le révolte. Au mariage de son frère, il « craque » et tue toute sa famille avant de se jeter par la fenêtre. C’est un monde violent et frustre que Guillaume Guéraud donne à voir…

Enfin Règne animal de Jean-Baptiste Del Amo, prix du livre inter 2017 et publié chez Gallimard, retrace l’histoire d’une famille d’éleveurs. Là encore l’atmosphère est oppressante, les vies sont vécues sans joies, les douleurs se transmettent, les erreurs se reproduisent… C’est sale, cru et les animaux sont maltraités. Et parce que l’homme échoue à asservir la nature, cette dernière se retourne contre lui.

Comme vous le lisez, la thématique est riche. Nous pourrions pu évoquer également les classiques, les romans du terroir etc.

Si vous avez toujours faim, rendez-vous le 12 mai pour la prochaine pause lecture gourmande à la Nef, consacrée à la figure de celles et ceux qui cuisinent !

Katia

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