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Meurtres à la pomme d’or, paupiettes du 16e siècle et histoires de poissons

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Michèle Barrière est l’auteur de plusieurs séries de nombreux romans policiers historiques et culinaires dans lesquels il est très facile de tomber pour n’en plus ressortir qu’après avoir tout lu !

Huit romans forment une série chronologique qui suit les cuisiniers de la famille Savoisy de 1393 avec Souper mortel aux étuves jusqu’à 1929 avec L’Assassin de la Nationale 7 en passant par le 16e siècle (Meurtre à la pomme d’or et Natures mortes au Vatican), le 17e (Meurtres au potager du roi, dans le Versailles de Louis XIV), le 18e (Les Soupers assassins du Régent et Meurtres au café de l’Arbre sec), la fin du 19e (Meurtre au Ritz).

Cliquez sur les couvertures pour les découvrir.

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assassin-N7Nous allons certainement vous parler de plusieurs d’entre eux car non seulement la lecture est très agréable mais en outre l’auteur fait dialoguer ses héros imaginaires avec des personnages historiques et notamment des figures de la gastronomie et des savants de nos livres anciens !

Place aujourd’hui à Meurtres à la pomme d’or, roman noir et gastronomique au temps de la Renaissance. Voici le résumé que l’auteur donne sur son site :

“An de grâce 1556 : François, étudiant en médecine à Montpellier, n’a qu’une idée en tête : devenir cuisinier. Aux dissections, il préfère l’étude du safran, de la cardamome, du gingembre, du macis et autre maniguette sous la houlette de l’apothicaire Laurent Catalan. Mais une série de morts suspectes sème le trouble dans la ville. Un mystérieux breuvage distribué par un apothicaire ambulant en est la cause. Laurent Catalan, en raison de ses origines juives et de ses sympathies pour les protestants, est accusé de complicité et jeté en prison.
François mène l’enquête jusqu’à Bologne. Parviendra-t-il à sauver Catalan ?”

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Parmi les personnages historiques que Michèle Barrière introduit habilement au milieu de ses héros, on trouve le médecin Félix Platter au début de sa carrière, Michel de Nostre-Dame (le fameux Nostradamus), l’agronome Olivier de Serres, le naturaliste Ulisse Aldrovandi. J’ai choisi de vous parler de Guillaume Rondelet.

cote 10224 (9)Dans le roman, Rondelet est le maître du héros François Savoisy : “Rondelet était le meilleur des hommes, mais l’édition en français de son monumental ouvrage sur les poissons paru en latin deux ans auparavant l’occupait entièrement. Il s’agissait du premier ouvrage de tous les temps traitant de tout ce qui vit dans les eaux. Plus de trois cents poissons, mais aussi crustacés, mollusques, batraciens, reptiles, chacun accompagné d’un dessin. Un travail de fou ! La passion des poissons lui était venue lors de ses nombreux voyages en tant que médecin personnel du cardinal de Tournon, ambassadeur itinérant du roi François.”

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Pour vous parler du Rondelet historique, j’ai consulté l’ouvrage de Katharina  Kolb Graveurs artistes & hommes de science. Essai sur les Traités de Poissons de la Renaissance paru en 1996 aux Editions des Cendres. Guillaume Rondelet naît en 1507 à Montpellier, il commence ses études à Paris puis fait sa médecine dans sa ville natale à partir de 1529, puis à nouveau à Paris pour y étudier l’anatomie. Ami de Rabelais, professeur de médecine à Montpellier où le premier amphithéâtre est construit grâce à lui, médecin personnel du cardinal Tournon, voyageur en France et en Europe, il publie ses Libri de piscibus en 1554-1555 qu’il traduit ensuite en français. Il meurt en 1566 dans le Tarn.

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L’essai de Katarina Kolb porte sur les rapports entre art et sciences et montre, à travers l’étude de quatre grands zoologues, Gessner, Belon, Aldrovandi et Rondelet, que ce dernier est l’un des plus novateurs dans sa science ichtyologique et dans son utilisation des images : celles-ci sont uniques et destinées à un usage précis, elles ne sont plus interchangeables, elles prennent un caractère descriptif qui complète ce que dit le texte, elles sont placées sous le contrôle de l’auteur qui guide l’artiste par ses dessins ou sa relecture. Le livre de Rondelet restera la norme pendant deux siècles, ses xylographies seront réutilisées (l’auteur les attribue à l’artiste Georges Reverdy). cote 10224 (27bis)Il faut attendre Linné en 1758 et son Systema naturae pour que l’ichtyologie se renouvelle. La zoologie a progressé pendant la Renaissance grâce à une plus grande exactitude descriptive (on observe d’après nature, on développe des viviers) et grâce aussi à la spécialisation des savants (et l’ichtyologie les intéresse beaucoup). C’est à cette période qu’est publié le premier livre à n’être consacré qu’aux animaux aquatiques, l’Historia aquatilium latine ac graece de Nicolaus Maresclacus.

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Katarina Kolb expose aussi son point de vue sur la persistance des monstres chez ces auteurs de la Renaissance. C’est un héritage antique et médiéval qui révèle à la fois des signes divins, des avertissements, des présages… Même chez les plus modernes, la part de la tradition est forte, comme chez Ambroise Paré par exemple. Vous voyez ci-dessus le monstre en habit de moine que le grand cryptozoologue Bernard Heuvelmans identifie comme un morse. Selon K. Kolb, Rondelet et Aldrovandi, malgré la présence des ces créatures, sont plus critiques que d’autres savants, le fait qu’Aldrovandi les classe dans un livre à part pouvant en être un signe.

cote 10224 (13)Toutes les illustrations de l’article sont issues de l’édition française de 1558 de la BM de Dijon. Un exemplaire à voir ici sur Gallica. Le livre est divisé en plusieurs chapitres, d’abord quatre parties généralistes traitant de la manière de vivre des poissons, de leur alimentation, de leur saveur, de leur anatomie, de leur reproduction… Suivent 25 chapitres descriptifs par sorte de poissons, par exemple les “poissons d’écaille larges et aplatis comme la daurade et ses semblables”, les “poissons longs comme le congre, la murène”, les “poissons mols, comme les pulpes, la sèche”, les “poissons des estangs de mer”, les “poissons des eaux douces premièrement, et des grands lacs”, les “poissons vivans partie en l’eau, partie en la terre”…

Si le sujet vous intéresse, un grand classique à lire : Laurent Pinon, Livres de zoologie de la Renaissance, une anthologie (1450-1700).

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Et pour finir, une recette !

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Très moche photo mais ça vous donne une idée ! Polpette servie avec des endives braisées au jus d’orange

En fin de volume, Michèle Barrière nous livre sa version de recettes historiques. En effet elle ne se contente pas de bien connaître l’histoire et de la traduire dans ses romans, elle a aussi travaillé sur l’histoire de la cuisine et ses livres anciens.

Pour Meurtres à la pomme d’or, j’ai choisi celle des polpette (paupiettes) de Cristofaro Messibugo et je ne l’ai pas regretté !

Ce sont des escalopes farcies d’un mélange très parfumé et fermées en paupiettes. Commencez par faire aplatir vos escalopes par votre boucher puis arrosez-les d’un peu de vinaigre balsamique, salez, poivrez et laissez reposer 1 heure. Préparez la farce : hachez 1 tasse d’herbe fraîches (pour ma part coriandre et estragon), 1 jaune d’œuf, 1 gousse d’ail écrasé, 100 g de lard en tout petits morceaux (je l’ai haché), 50 g de raisins secs, 1 morceau de fenouil coupé en petits morceaux. Mettez  un quart de la farce sur chaque escalope, formez les paupiettes et enveloppez-les d’une crépine de porc. Mettez-les au gril 10 mn puis dans une casserole avec 10 cl de jus d’orange et faites cuire 45 mn à feu très doux.

étape1 étape2 étape3 étape4 étape5 étape6

Caroline

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