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Manger et boire entre 1914 et 1918. CR 7. Boire et faire boire par Christophe Lucand

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La seconde intervention consacrée au vin s’intitulait “Boire et faire boire. L’approvisionnement des troupes françaises en vin durant la Grande Guerre” par Christophe Lucand. Christophe Lucand est professeur à l’Université de Bourgogne et à Sciences-Po Paris. Sa thèse portait sur les négociants en vins de Bourgogne et a été publiée chez Féret. Il travaille actuellement sur les mondes de la vigne et du vin au sein de l’Institut universitaire de la vigne et du vin (IUVV) et de la Chaire Unesco Culture et Traditions du vin à Dijon. Il prépare un ouvrage sur le vin pendant la Grande Guerre, à paraître aux Editions universitaires de Dijon. Il est par ailleurs président de la Communauté de communes de Gevrey-Chambertin.

Christophe Lucand commence par une citation de Philippe Pétain pendant l’entre-deux-guerres sur le vin comme facteur de la victoire. Et effectivement, le vin, le pinard comme on dit déjà à l’époque, joue un rôle au cœur du quotidien ; son ravitaillement est l’objet d’une intense réflexion, sa valeur fait l’objet d’une propagande dédiée, le commandement en exige pour ses troupes. Le vin est une boisson populaire incontournable, c’est la boisson de la guerre de masse, 5 millions de personnes travaillent dans les filières viti-vinocoles : sa distribution à l’échelle industrielle imposée par la guerre est une réelle priorité stratégique.

En 1914, une instruction sur les troupes en campagne intègre la ration liquide (café, bière, vin, cidre, rhum) à la ration des soldats. Le vin est considéré comme utile au soldat et le fameux quart nécessitera un énorme ravitaillement qui coûtera 100 millions de francs pour la seule campagne 1914-1915. La récolte de 1914 étant très bonne, on ne rencontrera pas de problème immédiat mais il est évident que l’armée n’avait jamais eu à planifier une distribution à une telle échelle.

Le ministre de l’Intérieur demande aux préfets de susciter des offres de vin, d’où les dons de l’Hérault, véritable coup de génie des viticulteurs du Midi. On en achète aussi, au gré à gré ou par adjudication. Des commissions départementales sont chargées de déterminer quels vins seront réquisitionnés (des vins ordinaires). Des échantillons sont prélevés pour vérifier les éventuels coupages et filtrages… Des “stations-magasins” sont la base du ravitaillement ; il y en a 20 en 1914, 23 en 1915.  Les soldats peuvent aussi se ravitailler individuellement dans les mercantis, les camions-bazars, les débits improvisés près du front, et bien sûr par les colis familiaux.

Dès l’automne 1914, des voix s’élèvent pour demander l’augmentation de la ration. les soldats reçoivent 0,50 litre. Mais il faut ajouter à cette ration de base ce que les soldats se procurent et aussi ce que les commandants ont le droit de distribuer à leurs troupes : la latitude est importante. Il faut par ailleurs compter les rations exceptionnelles des jours de fête (14 juillet et 1er janvier), ainsi que le parrainage par des syndicats.

On ne s’inquiète pas que de la quantité mais aussi de la qualité ; des analyses sont réalisées. Le pinard des soldats est faiblement titré, il est à 8-9°. On en cherche la traçabilité.

En 1915, la France connaît une crise logistique due à l’effondrement de la production cumulée à l’augmentation de la ration : on fait alors appel aux vins étrangers, notamment de la péninsule ibérique, et on lance des expérimentations comme… le mélange de vin et de cidre !

Caroline

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