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J’ai fait les vendanges à Dijon !

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Les vignes du domaine de La Cras dominent Dijon.

J’allais intituler cet article “les vendanges de l’abstème” mais cette histoire sera pour une prochaine fois…

J’ai donc participé aux vendanges dimanche 13 septembre, en douceur puisqu’il s’agissait de donner deux heures de son temps pour cueillir le raisin du domaine de La Cras. Cette sympathique initiative a été lancée par le Grand Dijon pour la première fois l’an dernier et a été reconduite cette année.

Elle permet aux habitants de Dijon et alentours d’avoir une expérience, au moins une fois, d’un événement fondamental du patrimoine culturel de la région, les vendanges !

Pourquoi des vendanges citoyennes ?

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En avant !

Le domaine du plateau de La Cras a été racheté en 2013 par la Communauté urbaine du Grand Dijon. Il s’étend sur 160 hectares sur le plateau situé entre Dijon, Plombières-lès-Dijon et Corcelles-les-Monts. Huit hectares sont plantés en pinot noir et en chardonnay qui sont en majorité vendangés par des pros, les amateurs se chargeant d’environ 1.5 ha. Le Grand Dijon a confié la gestion du domaine viticole à la chambre d’agriculture de Côte-d’Or, qui en a elle-même confié l’exploitation à Marc Soyard. L’acquisition du domaine de La Cras s’inscrit dans la stratégie du Grand Dijon de contenir l’urbanisation, de préserver la “ceinture verte” de l’agglomération dijonnaise et de maintenir une agriculture péri-urbaine vivante. Bien entendu, tout cela est en lien avec l’inscription des climats au patrimoine mondial dont vous a parlé Marie et avec la Cité de la gastronomie. Le reste du domaine comporte des terres, actuellement en jachères, qui seront ouvertes à des projets visant à maintenir des activités agricoles en proximité de la capitale régionale, avec une dimension pédagogique (si les petits Grand-Dijonnais savent que le vin vient du raisin, savent-ils que le lait vient des vaches ?).

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Ah les jolies grappes de pinot !

Quand on est arrivé, après avoir traversé la brume matinale à couper au couteau, un professionnel nous a expliqué ce qu’il fallait faire, en nous montrant les raisins à ne pas cueillir (en gros : les pas mûrs, les pourris et les grappes trop mangées par les sangliers, la plaie de l’année semble-t-il), et en nous attribuant un rang ; c’est parti pour 1 heure et demie de coupe (du pinot noir), à peine le temps de se rendre compte que c’est un rude labeur ! Les seaux sont rapidement vérifiés avant d’être vidés (je vous rassure, les vignerons ne laissent pas les vendangeurs du dimanche sans surveillance, vous pourrez acheter – dans un an – le millésime 2015 sans crainte !). Tout cela se fait dans une ambiance bon enfant, certains sont venus en famille, d’autres entre amis ou collègues.

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ça se remplit plus vite que les seaux de myrtilles…

Et pour finir (ça tombait bien, je m’étais inscrite de 10h à midi), une surprise conviviale puisque chaque vendangeur a pu casse-croûter sur le pouce, bien à l’abri d’un vieux bâtiment, avec rillettes ou époisses accompagnés d’un verre de rouge ou de blanc, repartir avec son verre estampillé “Cité de la Gastronomie” puis rencontrer Marc Soyard pour compléter sa cave par quelques emplettes.

Alors, si ça vous tente, l’an prochain, guettez l’annonce (abonnez-vous aux lettres d’information de la ville de Dijon par exemple) et inscrivez-vous.

Il est comment ce vin ?

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Après l’effort…

Le vignoble compte actuellement 8 hectares dans une aire d’appellation AOC Bourgogne, plantés en chardonnay et en pinot noir, sur un sol calcaire, sous un climat bienveillant – pas de grêle depuis 16 ans et pas de gelée depuis 100 ans paraît-il – et est doté de deux caractéristiques liées à son altitude et à son exposition plein sud. Il pourrait, à terme, s’étendre et le projet du jeune viticulteur est de passer en bio d’ici quelques années, ce qui sera facilité par la solitude des vignes dans le domaine, évitant ainsi la pollution des voisins. A 32 ans, Marc Soyard, jurassien d’origine, a suivi les cours du lycée viticole de Beaune et a poursuivi ses études à Avignon (pour un BTS viticulture et œnologie) puis Orange (licence professionnelle “qualité en filière viticole”). Ce parcours achevé, il revient en Bourgogne et commence sa carrière à Vosne-Romanée au domaine Bizot.

La proposition du Grand Dijon et de la chambre d’agriculture lui permet donc d’exploiter désormais son propre domaine, en plus de ses vignes à Ladoix et de sa cuvée Hermaïon qui évoque le coup de chance offert par le dieu Hermès… tout un programme !

Mon ambition est de faire un grand vin sur un terroir méconnu et non valorisé par la dynamique des appellations.

confie-t-il dans une interview menée par le site web La passion du vin, où il dit aussi :

Moi, je vois le vin comme quelque chose de naturel, de vivant, de non-figé, de sorte que je travaille d’une manière non interventionniste avec une vinification sans sulfite. Mais je ne m’enferme pas sur des principes, j’aime tester comme te le prouvera la dégustation sur fût. 

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Marc Soyard au domaine de La Cras

La fin de l’article est consacrée aux notes de dégustation que je vous invite à découvrir, dégustation de vin en bouteille et en fûts, neufs ou d’acacia ; vous y lirez aussi son pronostic à moyen terme sur les vins sulfités.

J’ai acheté quelques bouteilles de rouge 2013 et de blanc. Attention, ce sont les vins de l’ancien propriétaire. Le premier millésime de Marc Soyard sera le 2014, commercialisé en octobre (le rosé est déjà entièrement vendu). Le rouge a déjà été testé à la maison et voici notre commentaire (enfin, je mens un peu, ce n’est pas vraiment le mien, moi tout ce que j’avais à dire c’est qu’une petite goutte avec un morceau de pain et d’époisses, c’était bien bon !) : “L’année 2013 (rouge) révèle au palais ce que l’œil devine en l’examinant dans le soleil de septembre : un beau rouge cerise de fruit pressé, qu’on retrouve bien dans la bouche, une jeunesse légèrement effervescente, une légère astringence qui devrait s’arrondir dans les 3 ans et donner plus de longueur au vin. En résumé, une agréable découverte.”

Quant au millésime 2015, il s’annonce joli, selon l’expression de Marc Soyard, avec une vendange saine mais peu massive puisque on compte 40 % de raisin en moins qu’en 2014.

Pour finir, voici une interview de Marc Soyard :


Marc Soyard par TV-NET

Du vin à Dijon ?

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un sol bien caillouteux

Arrivés à ce stade, chers lecteurs non bourguignons, vous vous demandez toujours ce que sont ces vignes (presque) urbaines et vous vous dites que quand vous achetez un vin de Bourgogne, vous ne pensez pas d’abord (comment ça pas du tout ?) aux coteaux de Dijon ! Eh bien voilà, votre culture générale est à nouveau enrichie…

En effet historiquement Dijon était aussi une ville de la vigne et cette histoire est en train de revivre, comme en témoigne l’ouvrage récemment paru chez Terre en vues, Vignes et vins du Dijonnois : oubli et renaissance, sous la direction de Jean-Pierre Garcia et Jacky Rigaux de l’Université de Bourgogne, pour qui ce livre a été l’occasion de “retrouver et de relire son riche passé viticole, un peu oublié aujourd’hui, celui des ‘vins du Dijonnois’, des vignerons en ville, des vignes ducales, des celliers monastiques, des négociants et des sociétés savantes, d’une économie viticole révolue mais en renaissance”.

Vignes-vins-DijonnaisDans le chapitre de clôture “Le réveil des vignobles et climats du Dijonnois”, Jacky Rigaux consacre un paragraphe aux “Vins de La Cras ou Bourgogne coteaux du Dijonnois” :

“Des parcelles de la Cras sont plantées en pinot noir en 1983, puis en chardonnay en 1986 par Jean Dubois qui relance de façon audacieuse le vignoble du dijonnais sur des terrains qui ne portaient pas de vignes. Il comporte actuellement 9 hectares en deux ensembles de parcelles situées entre 360 et 400 m d’altitude environ. Le substrat géologique est principalement calcaire, armé par la Pierre de Dijon, célèbre par ses carrières et la pierre de construction de la ville, la Pierre de Ladoix (les laves) et la base des marnes de Talant dont les éboulis se mêlent sur les pentes aux pierres calcaires. C’est le lot de tout le plateau de la Cras d’ailleurs dont le toponyme évoque les sols caillouteux. Nous sommes là dans des conditions climatiques et géologiques, sur des sols apparentés étroitement à ceux des Hautes Côtes de Nuits, comparables à la base du coteau de Villars-Fontaine par exemple.

En blanc, issu du noble chardonnay, le vin tire l’œil par sa belle robe dorée, brillante et limpide. Le nez, très élégant, de bonne intensité, laisse poindre un bel éventail de notes florales qui se mêlent allègrement à des évocations fruitées et épicées. L’attaque est nerveuse et laisse place à une remarquable texture qui se prolonge par une persistance aromatique à la minéralité exquise.

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grappes de pinot

En rouge, la robe met l’amateur sur le chemin du plaisir avec sa vive brillance et sa subtile fluidité. Le nez est toujours complexe, associant les fruits rouges et noirs aux notes poivrées qui signent la grandeur du terroir. La bouche est souple, charnue, minérale et fruitée dans le même mouvement.”

Caroline

Info pratiques : les vins du domaine peuvent être achetés au domaine (sur rendez-vous) et chez des cavistes dijonnais. On le trouve aussi dans des restaurants de Dijon.

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3 Responses

  1. Avatar Mireille Poulain-Giorgi 22 septembre 2015 / 17 h 06 min

    Pour la première année, notre vigne à Villerupt -mais oui, même en Lorraine septentrionale, le raisin pousse- accrochée à un mur, était magnifique! Certainement dû au soleil inhabituel. Eh bien, en 48 heures, toutes les grappes ont disparu… les merles!
    Fort heureusement, j’en avais coupé quelques branches pour un décor sur ma cheminée. Les grains sèchent tout doucement.

    P.S. On attend l’article “ABSTEME”!

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